L'automutilation et le DSM

Le DSM, qu'est-ce que c'est ?

Le DSM est le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Health Disorders en anglais). Il est écrit et publié par l'Association des Psychiatres Américains (American Psychiatric Association).

Il s'agit du manuel utilisés par les professionnels de la santé mentale pour diagnostiquer les différents troubles psychiatriques.

Le DSM est régulièrement revu et mis à jour. La dernière version est le DSM-5 qui a été publié en 2013 (version française en 2015).

Est-ce que l'automutilation est un diagnostic officiel du DSM-5 ?

L'automutilation apparait dans le DSM-5, mais elle n'est pas actuellement un diagnostic à part entière.

L'automutilation apparaît dans une section appelée “Affections proposées pour des études supplémentaires” sous le nom lésions auto-infligées non suicidaires.

Cependant, ce qui se trouve dans cette section du DSM n'est pas prévu pour poser des diagnostiques. Son but est de “fournir aux chercheurs et aux cliniciens intéressés par l'étude de ces troubles un langage commun.” .

Quand est-ce que l'automutilation est apparue dans le DSM pour la première fois ?

L'automutilation est apparue pour la première fois dans le DSM-4 comme le 5ème critère diagnostique du Trouble de la Personnalité Borderline.

Cependant, cela ne signifie pas qu'il faut s'être automutilé pour être diagnostiqué avec un trouble borderline : il faut correspondre à au moins cinq des neuf critères diagnostiques. Cela signifie qu'il est possible d'avoir un trouble de la personnalité borderline et n'avoir jamais été concerné par l'automutilation.

Critères proposés par le DSM-5

Lésions auto-infligées non suicidaires

  1. Au cours de l'année écoulée, le sujet a provoqué, pendant au moins cinq jours, des lésions auto-infligées intentionnelles sur la surface de son corps susceptibles de provoquer saignement, contusion ou douleur (p. ex. coupure, brûlure, coup de couteau, coup, frottement excessif), en supposant que la blessure ne conduise qu'à un dommage physique mineur ou modéré (c.-à-d. qu'il n'y a pas d'intentionnalité suicidaire).

    N.B.: L'absence d'intentionnalité suicidaire a été indiquée par le sujet ou peut être déduite par l'accomplissement répété par le sujet d'un comportement dont il sait, ou a appris, qu'il était peu probable qu'il entraîne la mort.

  2. Le sujet se livre à un comportement de blessure auto-infligée avec au moins une des attentes suivantes :

    1. Obtenir un soulagement d'émotions ou d'états cognitifs négatifs.
    2. Résoudre une difficulté interpersonnelle.
    3. Entraîner une état émotionnel positif.

    N.B. : Le soulagement désiré ou la réponse est ressenti pendant ou peu après la blessure auto-infligée, et le sujet peut manifester des tendances comportementales faisant suggérer une dépendance à s'y livrer à maintes reprises.

  3. La blessure auto-infligée est associée à au moins une des manifestations suivantes :

    1. Difficultés interpersonnelles ou émotions ou pensées négatives telles que dépression, anxiété, tension, colère, détresse générale ou autocritique, survenant dans la période précédant immédiatement l'acte de blessure auto-infligée.
    2. Avant de se livrer à l'acte, une période de préoccupation liée à la difficulté de contrôler l'acte prévu.
    3. Survenue fréquente de pensées relatives à la blessure auto-infligée, même lorsque l'acte n'est pas exécuté.
  4. Le comportement n'est pas approuvé socialement (p. ex. piercing corporel, tatouage, partie d'un rituel religieux ou culturel) et n'est pas limité au fait de se gratter les croûtes ou de se ronger les ongles.

  5. Le comportement ou ses conséquences causent une souffrance cliniquement significative ou interfèrent avec le fonctionnement interpersonnel, scolaire ou dans d'autres domaines importants.

    Le comportement ne survient pas exclusivement lors d'épisodes psychotiques, confusionnels, d'intoxication à une substance ou de sevrage d'une substance. Chez les sujets ayant un trouble neuro-développemental, le comportement ne fait pas partie d'un système répétitif de stéréotypies. Le comportement n'est pas mieux expliqué par un autre trouble mental ou par une affection médicale (p. ex. trouble psychotique, trouble du spectre de l'autisme, handicap intellectuel, syndrome de Lesch-Nyhan, mouvements stéréotypés avec blessures auto-infligées, trichotillomanie, dermotillomanie).

Sources:

  • American Psychiatric Association. (2015, November). The Diagnostic and Statistical Manual of Mental Health Disorders. Retrieved from https://www.apaservices.org/practice/reimbursement/icd-diagnostic/dsm-5
  • DSM 5 American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.).
  • American Psychiatric Association. (1994). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (4th ed.).